Départ

janvier 16, 2018

Vous l'avez compris en lisant l'article précédent, j'aime bien le cerf-volant. J'avais même pensé au début faire de ce voyage un kitetrip en Afrique du Sud, véritable Mecque du kite pendant la saison hivernal où tous les meilleurs riders de la planète se réunissent pour le Red Bull King of the Air (la plus extrême et prestigieuse compétition de kite au monde). Ayant du sang mauricien, je me disais que l'Afrique du Sud c'était pas si loin. Sauf que les transats du Nord au Sud, de l'Europe au Cap de Bonne Espérance, ou de Maurice à Cap Town, ça ne court pas les rues. De plus faire une transat était un objectif pour moi dans ce voyage. Puis j'ai surtout réalisé que j'aurais eu l'air malin à avoir tout le temps les yeux levés vers le ciel pour regarder les pros sauter vingt mètres au dessus de ma tête. Bref j'ai abandonné cette piste et entamé mes recherches pour le pays qui m'attire énormément depuis deux ans : la Colombie. Comme par hasard, la Colombie, sur la côte Caraïbe, c'est 25-30 noeuds de vent tous les jours de janvier à mars. Vous n'allez pas me croire mais il n'y a pas que ça qui m'attire en Colombie. J'y reviendrai dans un prochain article.

Ballade sur Surprise le long de la côte d’Émeraude avec Albane

Mon objectif premier était de trouver un bateau pour rejoindre le continent américain. Pour cela j'ai eu la chance de rencontrer Patrick, jeune retraité propriétaire d'un superbe Dufour 425 presque neuf, qu'il a convoyé jusqu'aux Canaries en septembre avec un ami en vue de faire la traversée jusqu'en Guadeloupe en janvier, pour ensuite faire le tour des Antilles avec sa femme et deux couples d'amis les rejoignant en avion. C'est ainsi que Patrick m'a proposé une place sur son bateau, en plus d'un de ses amis, encore novice en mer. Le feeling étant super bien passé le temps d'un verre au salon nautique de Paris début décembre, j'ai aussitôt accepté son offre.

Cyriac, 22 ans, étudiant en école d'architecture a rejoint l'équipage dans la foulée pour partager ma cabine ... Comme la vie fait bien les choses, il se trouve que nous avons des amis communs, et qu'il a pu venir à ma soirée de départ début janvier pendant laquelle nous nous sommes très bien entendus. Nous allons même continuer le voyage ensemble quelques jours après l'arrivée, en Guadeloupe puis en Martinique. La cohabitation devrait bien se passer.

Je n'en reste pas moins averti que trois semaines sur un bateau avec trois inconnus, peut s'avèrer être une aventure aussi extraordinaire que fatigante physiquement et humainement (enfin j'imagine, quand on voit en combien de temps les premières tensions peuvent apparaître en voiture avec certains(es)).

J'ai bien quelques croisières à mon actif et de nombreuses sorties en mer le long de la côte d'Émeraude, mais il y a toujours le moyen de relâcher l'éventuelle pression après un mauvais grain ou une manœuvre raté lors des escales au port ou au mouillage. Là non ! J'avoue que ça m'excite. Les relations humaines me passionnent. C'est mon côté psy hérité de mes deux parents, dont ma sœur Céline a la vocation et je lui porte beaucoup d'admiration.

J'ai dit à Cyriac lors de notre première rencontre : "s'il te plaît, si un truc chez moi t'irrite ou t'énerve, dis le moi aussitôt et n'attends pas la crise, je saurai accepter les remarques avec recul". Car d’après Papa, une expérience comme celle-ci mène forcement à quelques moments de tensions. C'est inéluctable. Le fait de le savoir me rend encore plus léger et confiant dans le bon déroulement de la traversée. Je ressens ce petit défi de rendre cette transat le plus agréable et mémorable possible comme un jeu. Un jeu avec les émotions et la communication. Vous me direz : "détends toi, une transat c'est pas non plus un Vendée Globe, surtout au départ des Canaries c'est tranquille". J'espère pas trop tranquille quand même alors !