Six semaines dans le desert de la Guajira


En direction de la Colombie par voie aérienne via une escale à Miami, l'impression de me retrouver dans une véritable série américaine m'a tout de suite frappé dès le premier pied posé sur le sol américain tant les clichés correspondent à la réalité. En tous cas je les aime bien ces ricains, même à l’aéroport, avec leur côté très pragmatique et leur humour infaillible.

J'ai été merveilleusement bien accueilli par un couple d'amis d’amis Franco-Chilien expatrié à Bogotá. Encore une fois un immense merci à eux pour leur hospitalité qui m'a permis de m’acclimater à la Colombie en douceur. Cette douceur m'a d'abord été apportée par la multitude de délicieux fruits (dont certains ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde) qui poussent dans ce pays sans saison doté de tous les climats de janvier à décembre. On se les achète par cornets dans les rues pour une bouchée de pain. Un véritable paradis du fruit, à mon plus grand bonheur et celui d'Albane, férue de mangues, et qui me rejoint en mai. Cette euphorie s'est un petit peu atténuée lorsque, le lendemain de mon arrivée, me baladant dans les rues principales de Bogotá à deux heures de l’après midi, trois individus m’ont arraché la médaille de baptême que je portais autour du cou. Le premier me tenant par derrière, le second pointant un couteau à deux centimètres de mon œil, et le dernier s'attardant, car celle-ci était solide, à arracher la médaille, j’étais paralysé par la peur et tentais simplement de comprendre ce que le second me disait en espagnol pendant ce court instant. Choqué, je décidai de quitter la ville dès le lendemain pour rejoindre la destination où j’étais attendu, à Cabo de la Vela, dans le but de me réconcilier avec le peuple Colombien, réputé si accueillant, souriant, et aidant. Je me suis ensuite rappelé pour éviter de devenir parano dans ce pays étranger que cette mésaventure est arrivé à mon cousin et à un ami en plein centre ville de Lille... 


C'est parti pour 22 heures de bus, 2 heures de taxi, et 1 heure de 4x4 pour rejoindre le territoire indigène de la Guajira, pays du vent et du soleil, où Andres qui y a implanté son école de kite m'attend pour l'aider à faire tourner le business auprès des européens. A peine le pied posé par terre, celui-ci me propose d'aller à l'eau pour une petite session. Malgré la fatigue du voyage, je ne me fais pas prier ! Après cette session de kite, je ne sais vraiment pas par quoi commencer.


Il y a beaucoup à dire sur ce trip dans le désert : la culture Wayuu qui occupe le territoire de la Guajira et ses enjeux politiques, les dizaines de rencontres et de conversations passionnantes avec les backpackers du monde entier que j'ai vu défiler pendant un mois, la vie dans le désert sans eau courante ni électricité, la cause vénézuélienne et ses habitants qui fuient leur pays devenu trop dangereux, la vie avec les locaux, avec Matthieu mon compagnon de voyage français, la semaine à Punta Galina et ses paysages hors du commun, un peu de kitesurf quand même (non vous n'y échapperez pas) et le choc du retour à la civilisation...





La Guajira et les Wayuu


Malgré le potentiel énergétique qu'il représente, la Colombie respecte le territoire de la Guajira comme appartenant aux indigènes, les Wayuu. Territoire désertique et aride, il n'y a pas grand chose à faire là-bas pour un touriste en dehors du kitesurf. Le vent y souffle très fort plus de 350 jours par an et le soleil cogne toute l’année. Un véritable trésor pour qui souhaiterait investir dans un parc éolien ou une centrale solaire photovoltaïque. Mais l’état a décidé de respecter la culture Wayuu (on y croit, je ne suis pas au courant de tout non plus ;)) et n'intervient donc pas dans cette région. Une véritable aberration selon un ami businessman canadien. D’après ce même ami bien informé, les sept derniers gouverneurs de cette région sont actuellement en prison pour corruption... Vous avez bien lu : pas les deux derniers, les sept derniers !! Mon hôte français à Bogotá m'expliquait par ailleurs qu'en Colombie, 30% du budget de chaque projet "disparaît" quasi-systématiquement avant même que celui-ci ait commencé. Voila de quoi décourager quiconque ayant envie d'investir là bas. Surtout qu'ici (dans la Guajira), on a tendance à régler les problèmes au gun, et les Wayuu ne sont pas du genre à se laisser marche dessus, malgré leur côté un peu primitif. Ces derniers vivent donc de la pêche et du tourisme, et ne souhaitent pas particulièrement améliorer leurs conditions de vie au détriment de leur tranquillité et de leur authenticité. Les câbles électriques que vous verrez sur les photos arrivant jusqu’à Cabo ne sont que le vague souvenir d'un projet d'il y a quelques années, mais ceux-ci n'ont jamais servi.


Match de foot France - Colombie
Du coup les Wayuu peuvent vivre leur vie tranquillement et le paysage est entièrement préservé de toute construction en pierre ou en brique. Les rares qui s'y sont risqué comme mon boss Andres ont été priés de tout démolir au profit du bois de cactus. Les Wayuu sont chez eux dans la Guajira et entendent bien se faire respecter. Ils ont leurs propres lois, chaque famille a un territoire et ne peut le vendre ni même le louer. Il n'y a pas de titre de propriété, chacun sait quel territoire lui appartient et y fait ce qu'il veut. Si vous voulez investir ici, comme ces européens qui y ont vu il y a quelques années l’énorme potentiel du tourisme du kite, il faut d'abord se faire copain avec les propriétaires des terres où vous voulez investir, puis croiser les doigts pour que ceux-ci ne se lassent pas de vous. Il peuvent vous virer du jour au lendemain, à leur manière, sans que la police ne lève le petit doigt. C'est ce qui est arrivé à un allemand, premier à avoir monté son école de kite ici il y a 6 ans, et à bien d'autres colombiens, qui ne valent pas mieux qu'un européen ici aux yeux des Wayuu


Pendant mon séjour là-bas, un "pourparler" réunissant les chefs de chaque famille Wayuu a eu lieu pour décider du sort des étrangers ayant un business ici, pendant lequel le kite a été interdit pendant 15 jours. Ici, pas d’arrêté municipal avec un panneau signalant l'interdiction de kiter. On ne sait comment mais tout le monde est au courant, même les nouveaux arrivants, et personne ne tente une petite session de kite en faisant semblant de ne pas savoir, pour voir ensuite l’éventuelle sanction. La nouvelle va jusqu’à la frontière de la Guajira où les touristes sont prévenus, et ainsi la principale ressource des locaux - avec la pêche - viens à manquer. Les Wayuu viennent de se tirer une balle dans le pieds, Cabo de la Vela se vide, la faute à une famille puissante - comprenez "qui a plus de chèvres que les autres" - qui ne trouvait pas son compte dans le business du kite. Bref, à l'issue de cette réunion, tous les blancs doivent abandonner leur business qui sera repris par les Wayuu. Le seul autorisé à rester est Andres, colombien et fondateur de l’école où je travaille, car il est marié à une Wayuu et lui a fait deux enfants. Un simple mariage sans enfant n'aurait pas suffit à se faire accepter me dit-il. Le cas inverse n'aurait pas non plus été toléré car on "devient" Wayuu par la mère et non par le père, ce qui se comprend aisément aux vues des pratiques polygames des indigènes. Pour l'anecdote, il est très facile de distinguer la femme d'Andres, 19 ans, de sa grande sœur de 20 ans, qui lui ressemble pourtant comme deux gouttes d'eau. L’aînée, qui a été mariée de force à un homme la délaissant au profit d'une autre de ses nombreuses femmes, ne décroche jamais un sourire, tandis que sa petite sœur passe ses journées à rire lorsqu'elle ne kite pas. J'ai appris cela à la fin de mon séjour. Il n'en est pas moins vrai que la seconde, Gloria, a été mariée à l'âge de 16 ans à Andres, 50 ans bien tassé et déjà père d'une famille dont le dernier enfant a 25 ans. Cela peut paraître d'autant plus choquant que la famille de Gloria voulait la lui "donner" dès l'âge de 12 ans, c'est à dire juste après ses premières règles, comme cela se fait chez les Wayuu. Andres, en homme un minimum civilisé a refusé, leur disant que c'était "trop tôt". "Trop tôt", cela veut dire qu'il avait déjà une idée derrière la tête à ce moment la... Cela peut laisser d'autant plus sceptique que la date de son mariage correspond au début de la construction de son école sur le terrain appartenant a la famille, à l'époque sans aucune ressource. Le père était - et est toujours - alcoolique et la mère marchait des kilomètres par jour sous le cagnard pour aller vendre une ou deux bouteilles de coca pas fraîche aux touristes venant contempler la seule plage digne d’intérêt dans ce trou perdu. Chacun en pensera ce qu'il voudra, il leur a en tout cas apporté la prospérité et une certaine douceur de vivre, et sa femme bien qu'ayant le tiers de son âge semble heureuse. La mère gère maintenant le restaurant de l’école - sur lequel Andres ne touche aucun pourcentage - et il a été difficile de lui faire abandonner son boulot d'avant et de lui faire comprendre qu'il est tout de même moins pénible de faire la cuisine que de porter des boissons durant des kilomètre par 40 degrés. Les habitudes humaines sont très difficiles à changer. En tout cas ces arrangements peuvent facilement laisser penser que ce mariage est intéressé. Comprenez qu'Andres ne s'est pas fait que des amis ici. En tout cas il assume totalement car c'est lui qui m'a tout raconté tel quel. Je le soupçonne simplement d’être en léger décalage culturel avec sa belle famille tant il semblait avoir besoin de se confier à moi.



C'est parti pour le spot de repli pendant la "prohibition"

Prof de kite


Andres m'a rapidement formé à enseigner le kite dans son école selon sa méthode, et c'est parti pour les cours de kite. J'enseignais en français ou en anglais aux nombreux touristes, émerveillés par les sauts spectaculaires des locaux, et désireux de faire pareil tant cela semble facile. Payé 15 euros de l'heure avec l'hébergement offert, le deal était plutôt bon pour moi qui avais un peu sous estimé le coût de mon voyage, comprenant en plus une dépense supplémentaire, non négligeable dans le budget d'un backpacker, pour remplacer une GoPro qui a sombré au fond de l'eau lors d'une session de kite en Guadeloupe. Mon nouvel appareil fraîchement acheté à Bogota n'a pas connu meilleur sort deux semaines plus tard, et je devrai donc me contenter d'une piètre qualité d'image avec mon appareil photo étanche pour le reste du séjour. Snif snif, triste moment.

Si le métier de prof de kite n'est clairement pas ma vocation tant la patience me fait défaut, je suis très fier des retours de mes élèves toujours ravis par mes explications "claires et très efficaces", et par l'enthousiasme et la précision avec laquelle je parle de ce sport. J'ai même réussi à faire tirer ses premiers bords à un unijambiste (doté d'une prothèse) ! Un grand moment !

Le reste du temps je m’entraînais durement à passer ce fameux freeloop promis à Albane, et à l'heure où j'écris ces lignes, il y a encore du boulot. Ma bande d'amis wayuu, véritables stars du kite (l'un d'entre eux travaille sa sélection pour les JO), a été d'une grande aide dans ma progression. Leurs conseils avisés m'ont permis de franchir quelques étapes. C'était très entraînant de voir ces petits (ce n'est pas péjoratif mais c'est vrai qu'ils sont tous petits) gars envoyer des tricks très engagés à plus de 15 mètres de haut, et ce même si les plus jeunes avaient tout juste la douzaine et pesaient 40 kilos tout mouillé. Le kite a véritablement révolutionné leur existence. C'est aussi une des raisons qui a poussé leurs parents à faire cette fameuse pause de quinze jours pour décider de l'avenir du kite à Cabo de la Vela. Désormais, au lieu de pécheur, les plus âgés s'improvisent déjà prof et gérant d'une école de kite. S'il n'y a rien à redire sur leur niveau en kite, leurs méthodes d'enseignement et leur façon de gérer le business ne sont pas toujours appropriés au fonctionnement des européens, qui représente la majeure partie de la clientèle. Les méthodes d'apprentissage et la qualité du matériel proposé laisse à désirer : j'ai souvent eu une ligne qui casse, une aile qui se dégonfle, le spi que se déchire en plein cours ce qui peut se révéler dangereux. Si les occidentaux s'adaptent volontiers au conditions de vie locales pour quelques jours, la sécurité est un aspect sur lequel ils sont intransigeants. Mais bon, le débutant ne connaissant rien kite, il n'est pas difficile de prétendre que toutes ces mésaventures font partie de la beauté de ce sport.


Le matin on s'amuse bien !

L’après midi c'est ravioli
Et le soir on en a pas marre

Cours de kite et admiratrices. Je ne comprends pas pourquoi Albane dit que je manque de style sur cette photo :)

La vie dans le désert

Je ne vais pas m'attarder trop longtemps sur les conditions de vie dans le désert, sur la rareté de l'eau (elle arrive par citerne et, si les locaux utilisent la même eau pour boire, prendre leur douche et laver le linge, elle n'a pas trop plu à mon estomac. J'ai du me rabattre sur l'eau en bouteille 50 fois plus chère). Il faut marcher 50 mètres et aller puiser un seau d'eau de mer pour tirer la chasse. L'électricité fonctionne par groupe électrogène de 18h à 22h. Les portions alimentaires ne sont pas immenses - ils font tous 1m40 ici - mais la nourriture est plutôt bonne, voire excellente si on y met le prix (environ 9 euros pour une soupe de langouste digne des plus grands chefs français). La cuisine est à base de poisson, de riz et de poulet, de fruits et de pâtisseries salées au fromage de chèvre local. En fait, sur place, on se réjouit de tout, même de dormir dans un hamac pendant 40 nuits d’affilées et de ne prendre qu'une douche par semaine (la douche au seau d'eau ça va bien cinq minutes, et puis on n'est pas sale vu que l'eau de mer nous lave toute la journée...).  Pourvu qu'on ait bien pensé aux bouquins, on s'habitue même très bien à l'absence d'internet. J'avais tout de même accès à Whatsapp et Messenger pour envoyer des selfies à ma chère Albane. Il est fort ce Zuckerberg ! Mais c'est en rentrant que le retour à la civilisation provoque un gros choc. J'y reviendrais à la fin de cet article. 

Ma chambre (le coin douche et brossage de dent est au fond a gauche)

Maison du futur selon Jacques Garcia

Les jeunes Wayuu eux, remercient beaucoup ce Zuckerberg. Internet est la seule chose qui les relie au monde extérieur. Leur parents et leurs petits frères et soeurs n'ont pas encore franchi le pas et restent hypnotisés par la télé dès la mise en marche du groupe électrogène tous les soirs à 18h. La génération Y, elle, ne compte pas vraiment devenir pécheur comme ses ainés. Les rares qui ont déjà quitté la Guajira l'ont fait pour une compétition de kite. Cela leur a permis notamment d'apprendre l'anglais et de maintenant gérer leur école de kite à 17 ans. Les jeunes Wayuu s'en sortent plutôt bien et sont heureux de leur sort, mais cela contraste avec l'affluence des vénézuéliens qui fuient leur pays.

Menu du jour : riz au sel. et banane en dessert. Parfait pour tenir le corps après avoir tenté de boire l'eau locale pendant trois jours

Avec mon pote Léon le cochon. Bizarrement j'en n'ai jamais vu la couleur dans mon assiette..
La team !

La crise vénézuélienne

Malgré la barrière de la langue, j'ai pu déceler quelques drames qui se passent là-bas. D'après mes amis Vénézuéliens Robert, Antonio et Manuel, la violence y est omniprésente. Mon faible niveau en espagnol et la délicatesse de leur situation ne m'ont pas permis d'aller creuser le pourquoi du comment, mais j'ai vu les larmes couler, et compris certaines histoires de meurtres apparus dans leurs familles. Antonio, 18 ans et père de deux enfants, a tout quitté pour la Colombie sans même un téléphone. Je souligne cet aspect car il est vrai qu'aujourd'hui, même lorsqu'un homme ne mange pas à sa faim, il possède la plupart du temps un téléphone, surtout lorsqu'il a 18 ans. Antonio non. Aucun moyen de contacter sa famille. En tout cas, ces circonstances n'ont en rien attenué leur gentillesse. Cela me fait d'ailleurs penser à ma voisine de car lors de mon trajet Bogota - Riohacha, vénézuélienne retournant chercher sa fille au pays pour revenir travailler en Colombie. Elle n'avait mangé que quelques bouchées de pain pendant les 22h de trajet et avait tenu absolument à les partager avec moi avant que le bus ne s'arrête pour la pause diner et déjeuner, pendant lesquelles elle n'accepta pas plus qu'une bouteille de Coca de ma part.

En plus de l'immigration de la population, un autre point a éveillé mon attention sur le phénomène vénézuélien : le nombre impressionnant de plaques d'immatriculation vénézuéliennes. Celui-ci ne s'explique bien évidemment pas par l'exode des vénézuéliens (qui voyagent à pied en laissant tout derrière eux), mais par le trafic de véhicules. Ainsi, Andres m'expliquait qu'il allait en profiter pour se procurer un 4x4 volé pour seulement 3000 dollars (mais ce 4x4 sera condamné à rester sur le territoire de la Guajira sous peine d'une grosse amende). On trouve de nombreux autres produits du quotidien sur le marché noir à des prix défiant toute concurrence où quelques colombiens comme Andres vont faire leur course à la frontière... J'ai donc essayé de me renseigner sur internet pour comprendre les causes de cette crise, et cela s'est avéré plus compliqué que prévu. Désolé mais je ne vais pas vous faire de revue de presse, par manque de temps et de peur de dire n'importe quoi (on trouve tout et son contraire sur internet). Voici quand même quelques chiffres pour que vous puissiez quitter cet article en ayant des anecdotes à raconter lors de votre prochain diner : la monnaie vénézuélienne a considérablement chuté (inflation de 13000% prévue par le FMI en 2018), et un euros s'échange aujourd'hui contre plus de 61000 Bolivars vénézuélien (oui oui, si vous vendez votre voiture en France, vous êtes milliardaire... en bolivars vénézuéliens). Je suis tombé tout à l'heure sur un article de Francetv du 26 février 2018 montrant des vénézuéliens transformant leurs billets de banque en objets artisanaux : portefeuilles et sacs en papier. On dit aussi que le bolivar vénézuélien vaut moins que la monnaie virtuelle du jeu video World of Warcraft (selon Fortune), ou encore que le litre d'essence s'acquiert là-bas pour moins d'un centime d'euro...


Selon un article du Monde de mars 2018, la Colombie a accueilli environ 250 000 vénézuéliens depuis août 2017. Un premier exil, choisi, et politique, a eu lieu dans les années 2000 à l'arrivée d'Hugo ChavezL'ex-président réélu 4 fois, et décédé en 2013, avait fait peur à une partie de la population riche en lançant le "socialisme du XXe siècle". Le second exil, économique, frappe le pays depuis que Nicolas Maduro, le successeur de Chavez est en place. L’économie du pays est plongée dans une situation catastrophique, et ce sont maintenant les plus pauvres qui traversent à pied la frontière colombienne en espérant pouvoir se refaire une vie.



Si c'est aujourd'hui difficile à imaginer, le Vénézuéla était au début des années 2000 dans le peloton de tête du PIB par habitant parmi les pays d'Amérique latine (avec le Chili, le Mexique et l'Argentine). En 15 ans, il a réussi à se mettre en quasi-faillite, sans guerre, alors qu'il s'agit de la plus grande réserve de petrole au monde (18 % des réserves mondiales), devant l'Arabie Saoudite, le Canada et l'Iran.


Voici deux articles qui datent de 2017, mais qui sont intéressants pour aller plus loin :
https://www.lesechos.fr/20/04/2017/lesechos.fr/0211991506279_venezuela---les-causes-d-un-naufrage.htm
https://www.franceculture.fr/politique/comprendre-la-crise-au-venezuela-en-dix-dates

Punta Galina

Retour à mon voyage, et à la bienheureuse interdiction de kite de 15 jours prévue par les Wayuus qui nous a conduits Matthieu et moi tout droit à Punta Galina, point le plus au nord de l'Amérique du sud, aussi appelé Cap Horn du Nord. Nous sommes partis avec des amis francais rencontrés à Cabo. Deux jeunes financiers travaillant en banque d'investissement à la City, en vacances pendant deux semaines, et un jeune couple arrivant au terme de leur année sabbatique, parti un an plus tôt de la Patagonie (le vrai Cap Horn cette fois-ci). 
A quatre heures de 4x4 plus au nord de Cabo se trouve la fameuse dune et le magnifique lagon qu'aucun touriste ne va voir de près car la plupart ne reste qu'une journée ici. 


Voyage d'une semaine à Punta Galina. Les francais sont toujours en nombre dans les endroits les plus reculés 

Pas mal le spot non ? 
C'est quoi ces couleurs ?? Mon appareil photo est un premier prix certes, mais les paysages étaient absolument hors du commun

Cimetière de coquillages. Itinéraire découvert par hasard, d'autant plus incroyable qu'il ne figure sur aucun guide. Nous étions seuls au monde
Ça souffle !!

Nos amis les pêcheurs nous ramènent du spot (et me sortent d'une belle galère au large)
Après une semaine à Punta Galina à la recherche, complètement à l'aveugle - c'est cela qui nous a permis de découvrir des endroits complètement vierges - du meilleur spot de kite, nous rentrons a Cabo de la Vela en ayant fait le plein de sensations fortes. 

Retour à la civilisation


J'ai passé les deux semaines suivantes comme les deux premières, à kiter, donner des cours de kite, bouquiner, essayer de ne pas perdre trop de kilos, et apprendre l'espagnol avec mon ami Manuel (dont la famille est restée au Vénézuéla), en échange de cours de kite. Celui-ci, en quête d'avenir, a eu des étoiles dans les yeux lorsque je lui ai fait cette proposition. Et de mon côté, ayant débarqué en Colombie sans les bases élémentaires d'espagnol - ne me demandez pas pourquoi j'ai fais allemand à l'école - j'avais du mal à progresser, et ce d'autant plus que je parlais francais avec Matthieu et anglais avec Andres et les kiteux de passage. Ces cours m'ont permis de faire évoluer mon niveau rapidement et à Manuel d'envisager un avenir comme prof de kite dans l'école d'Andres. J'avoue qu'enseigner le kite en espagnol s'est avéré un peu dangereux et apprendre l'espagnol, sans aucun moyen de traduction, un petit peu laborieux, mais on fait avec les moyens du bord !


Un peu fatigué par les bobos qui pertubaient mes sessions de kite, j'ai décidé de quitter Cabo fin mars (comme prévu) pour me poser en ville quelques jours afin de laisser cicatriser mes égratignures, que je traine depuis plus de trois semaines pour certaines, avant de poursuivre mon voyage sur le prochain spot de kite. Départ de Cabo à 5h du matin, dans le camion avec les chèvres, direction Uribia. Puis taxi, à 9 dedans (pour une voiture de 5 places), dont 3 chèvres, entassées dans le coffre, qui crient à la mort. Puis enfin, bus jusqu'à Santa Marta. Et là, c'est le choc. Comme tout bon routard j'ai suivi les indications de mon Lonely Planet qui m'ont conduit dans le repère des Anglais et Allemands tous blancs, gras ou maigrichons, bullant autour de la piscine les yeux rivés sur leur smartphone. Le burger que j'y ai mangé avait à peu près la même saveur que celui de l'après transat, et le brownie sur la boule de vanille puis la crêpe au Nutella m'ont envoyé au septième ciel. Et tout cela devant une télé diffusant Raonic - Del Potro au Masters de Miami. Le bon Dieu a été cool avec moi ce jour-là. J'ai pu ensuite redécouvrir l'existence du robinet, de la chasse d'eau, de la douche, d'internet, et... du miroir. Cela faisait cinq semaines que je ne m'étais pas vu autrement qu'en selfie, et je comprenais à présent pourquoi tous ces gros allemands et maigrichons anglais me regardaient comme un rescapé du goulag. Ou comme Jesus, qui comme me l'a fait remarquer ma petite soeur, avait fait le même genre de trip, 40 jours dans le désert, quelques années auparavant. Sauf que moi j'ai craqué pour la crêpe au nutella au pire moment : en plein mercredi Saint !


Après avoir bien profité des mets occidentaux proposés par cette auberge, j'ai rejoint une autre auberge, beaucoup plus typique, un véritable coin de paradis. Les arbres poussent au milieu de cette charmante maison en bois, où les hôtes se font leur propre cuisine et où l'ont se sent comme à la maison. Exactement ce qu'il me fallait. Je me sens tellement bien ici que j'y ai prolongé mon sejour de quelques nuits, le kite attendra. J'avais complètement oublié que la Colombie était un pays civilisé, où l'on trouve à peu pres tout ce qu'on veut dans un supermarché. Ravi du faible prix de l'eau, j'y ai même acheté un bidon de 6 litres, ayant oublié que l'eau potable est monnaie courante dans une auberge. Je me rue ensuite sur les rayons viande, fromage et chocolat, mais me rends rapidement compte en rentrant a l'auberge que mon estomac a considérablement rétréci et que je ne peux plus m'empifrer comme avant. Si je ne souffrais pas de la faim à Cabo, ici, je souffre littéralement de trop manger ! Mais qu'est-ce que c'est bon ! Je passe donc quatre jours à manger et à écrire cet article, qui j'espère vous plaira. Je ne sors de mon petit jardin d'eden que pour aller faire des courses de bonne bouffe au supermarché.

Comment trouvez-vous mon auberge ?

Difficile de quitter cet endroit

Cet article terminé et mes plaies presque cicatrisées, il est temps de reprendre du poil de la bête. Il ne me reste plus qu'un mois pour passer ce fameux freeloop, avant qu'Albane ne me rejoigne le 1er mai !

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